mardi 29 octobre 2013

GRAVITY

Bonsoir Paris, Luxembourg, Bruxelles; bonjour Montréal. Nous sommes le mardi 29 octobre 2013, il est 21h17 en GMT+1 et vous êtes tranquillement branchés sur Internet à l'heure où je vous parle.
Du moins, je pense.


Gravity, c'est le film que tout le monde adore. C'est simple, je ne connais pas une seule personne qui ait été capable de dire cash que ce film est une catastrophe. Et pourtant, on va pas dire que le sujet initial était facile... Emmené par Alfonso Cuaron, avec seulement trois acteurs face caméra en une heure et demie et des effets spéciaux novateurs, ce film a attiré des critiques plus qu'élogieuses et a réussi à remporter 200 millions d'euros au box-office mondial. Oui, on peut parler d'un pari réussi haut la main sans problème. C'est donc samedi dernier que j'ai pu voir, en 3D mais pas en Imax ni avec une très haute définition (un cinéma banal, en gros) ce film qu'on surnomme "le nouveau 2001"...





Réalisé par: Alfonso CUARON
Scénario: Alfonso CUARON, Jonas CUARON
Avec: George CLOONEY, Sandra BULLOCK, Eric MICHELS
Durée: 1h30
Sortie française en salles: le 23 octobre 2013

L'HISTOIRE: Trois astronautes se voient obligés de réparer leur station spatiale directement dans l'espace. Mais à cause de débris d'un satellite russe, leur station spatiale explose et nos héros se retrouvent seuls, dans l'infiniment grand... Mais comment revenir sur Terre alors?





Mais que dire? Que dire de ce film, si ce n'est qu'il est extraordinaire? En effet avant de partir le voir il faut vous avouer que Gravity a un synopsis de science-fiction mais n'est EN AUCUN CAS de la science-fiction. Tout est bon pour montrer l'homme en tant que héros. Mais Cuaron ne sombre jamais dans quelque chose d'hyperbolique. On ne montre jamais Sandra Bullock ou George Clooney comme des nouveaux dieux de la survie, même si ce doit être les hommes les moins chanceux dans le monde. Non, Gravity va plus loin. Cette odyssée n'a rien de mièvre, grâce notamment à une peur incessante qu'installe le réalisateur. Pourtant on en était très loin au départ! Il faut dire que le plan-séquence de vingt minutes (!!!!) que fait Cuaron en tout début de film se base plus sur un documentaire que sur un film de science-fiction dramatique. La caméra paraît elle-même graviter autour de la Terre, comme si c'était Hubble qui filmait depuis l'espace. Elle voltige, tourne, vire, jusqu'à trouver les personnages gravitant eux aussi, tel un maestro surveillant chaque accord que lui donne sa symphonie.


Ensuite, ce qui fait la force de Gravity est sa puissance sonore, tellement faible. L'explosion de la station spatiale, quasiment muette, transporte le spectateur et lui donne encore plus le vertige. Cette fois-ci la caméra change point de vue. Ce n'est plus la Terre qui l'occupe, mais Sandra Bullock. L'actrice est au centre de toutes les attentions. C'est là où l'on voit que Cuaron se préoccupe désormais de l'humain et pas de l'espace. En effet, ce qui était magnifique au départ devient l'ennemi direct de l'homme. Il n'est plus la chose observable, c'est désormais l'élément perturbateur, le "Dieu Malin" auraient dit les Romains. Ainsi, l'individu doit se battre contre la peur, l'imprévu, l'invisible, quitte à finir... seul. Sous tension de bout en bout grâce à des plans-séquences type found-footage effrayants de réalisme et terriblement géniaux, qui nous font ressentir tout ce que les personnages sont en train de subir à l'instant même. Même l'apesanteur n'est pas source de confusion! On a vraiment l'impression d'être dans l'espace! Le sens de la vie, clairement représenté par le docteur Stone qui respire dans une cellule, est aussi mis en valeur avec les faits qu'a pu subir l'astronome avant sa vision dans l'espace. Il est formidable de voir que Cuaron ne verse jamais dans la surenchère avec de la musique triste, des larmes, car il n'oublie jamais que, pour nous ramener en bas, il faut se concentrer sur l'instant présent.

Côté technique, il faut dire que ce qu'a fait Cuaron est juste incroyable. Chacun des plans-séquences a un sens et on est juste interloqués de voir que l'ennui ou la facilité technique ne sont jamais au rendez-vous. Les effets spéciaux aussi viennent d'un autre monde, tellement beaux (que ce soit les images de la planète Terre, les combinaisons d'astronaute ou même les débris de station spatiale) qu'on croirait presque qu'on aurait envoyé les acteurs dans l'espace. En vrai.
Pour mener à bien son film qui de mieux que deux vétérans du 7e Art que sont Sandra Bullock, que l'on préfère quand même ici que dans ses romcom à Razzie; et l'incontournable George Clooney, qui pallie les vides d'idées avec un humour féroce qui fait rire, notamment jaune à cause du malaise instauré depuis le début du film. Son personnage, quasi-famélique à l'écran (le personne de Ryan Stone étant vraiment le personnage principal) n'est pourtant pas à négliger tellement il est impeccable. La 3D quant à elle est la meilleure que j'ai pu voir depuis... Monstres contre Aliens (qui bénéficiait d'effets 3D très reussis). Elle symbolise la densité de l'espace, avec une profondeur terrifiante montrant encore plus la solitude des héros. La bande originale de Gravity aussi est vraiment incroyable, du fait que la musique off à l'image est souvent absente. Le thème épique, également formidable, n'apparait véritablement que vers la fin du long, le reste étant surtout vide de son. Quand le film démarre et qu'on est plongé dans les premières images, la salle se détaché du sol, le spectateur se retrouve décidément seul dans son fauteuil, piégé à 100000 mètres d'altitude. Cette absence est aussi le point fort du film, c'est grâce à elle que l'on plonge dans l'espace aussi rapidement, sans se poser de questions ni rester sur le carreau. Du coup on applaudit. Avec les deux mains. Même si dans l'espace on ne vous entend pas...



Voilà ce qu'on peut dire de Gravity, cette expérience cinématographique unique au cinéma qui bénéficie pour une fois d'un relief exceptionnel, d'une intrigue jamais faible et d'acteurs juste parfaits. Quand les lumières se rallument il est difficile de se dire que l'on est déjà revenu sur Terre. Dans l'espace, personne n'entendra à quel point vous avez pris du plaisir avec ce survival au huis-clos plus qu'original... Mais je ne parlerai pas (encore!) d'un chef-d'oeuvre, le rendu sans grand écran et sans 3D risque de ne pas être aussi impressionnant. Alors... on attendra.



Note: 10/10


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